Une gueule de bois en plomb by Jacques Tardi

By Jacques Tardi

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Il ne faisait aucun doute que Blanche Hozier avait eu de multiples aventures ; et à l’époque où son mari menaçait de divorcer, le bruit courrait qu’elle avait eu au moins neuf amants11. On a dit que l’un des amants de Blanche était son propre beau-frère, « Bertie » Mitford12, qui avait épousé sa sœur cadette, Lady Clementine Ogilvy, en 1874. Mitford était entré aux Affaires étrangères à l’âge de vingt et un ans et avait servi à Saint-Pétersbourg, à Pékin et au Japon, et il avait écrit plusieurs livres fascinants sur ces endroits.

Blanche avait déjà plus de vingt-cinq ans, et malgré son charme et sa grande beauté, elle avait un tempérament qu’on pouvait qualifier de rebelle et de tumultueux. Avec le recul, les tempéraments de Blanche et d’Henry apparaissent comme trop dissemblables pour qu’ils aient pu être heureux ensemble. Une cause grave de mécontentement pour Blanche fut la détermination avouée de son mari dès le début de leur mariage à ne pas avoir d’enfants. Elle-même avait un profond instinct maternel. Son premier enfant, Kitty, ne naquit que cinq ans plus tard, en 1883.

Les quelques années qui suivirent, cependant, ne furent ni faciles ni heureuses pour Clementine. Bien que de plus en plus belle et très admirée, elle était par nature plutôt timide et réservée, et à la maison il y avait des tensions continuelles avec sa mère. Pour compléter sa maigre pension, elle donnait des leçons de français, et elle travailla également quelque temps pour une cousine qui avait un petit atelier de couture. Lors du bal à Crewe House en 1904, Winston avait demandé à sa mère de le présenter à cette jeune fille dont la beauté l’avait tant impressionné de l’autre côté de la salle de bal bondée.

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